Si le marché de l’ancien se porte bien et malgré des taux d’intérêt en dessous des 2 %, celui de la maison individuelle est en moins bonne posture. Depuis novembre 2017, les ventes n’ont cessé de reculer, selon l’indicateur Markemetron, l’outil statistique de référence du secteur de la maison individuelle, de l’INSEE et du Trésor public pour établir leurs prévisions. Les jeunes qui veulent faire construire leur première maison sont particulièrement touchés, notamment du fait des la diminution des aides au logement.
Baisse des ventes de maisons individuelles
Le marché de la maison individuelle neuve affiche une chute en glissement annuel de 9,8 % à fin juillet 2018. Pourtant, de nombreuses banques font des efforts sur les durées d’emprunt, et pour les bons dossiers on emprunte souvent à 1,40 % en moyenne. Alors comment s’explique la baisse des ventes de maisons individuelles, et notamment en ce qui concerne l’achat d’une première maison ?
Les constructeurs et aménageurs de la Fédération française du bâtiment (LCA-FFB) ont confirmé, par la voix de leur Président Patrick Vandromme, la baisse significative des ventes de maisons individuelles, lors d’une conférence de presse avec le Crédit Foncier le 21 septembre 2018.
Toutes les régions sont concernées, en particulier la Normandie (-23 %), l’Auvergne Rhône -Alpes (-21 %), les Hauts de France (-17%). Même l’Île-de-France (-16 %) est fortement touchée, qui est pourtant une zone tendue (zone A), donc théoriquement moins impactée par les restrictions des aides à la pierre décidées par le Gouvernement.
En tous cas, les constructeurs sont inquiets. La LCA-FFB et le Crédit Foncier prévoient un dernier trimestre 2018 difficile, avec entre 115 000 et 120 000 ventes, sous réserve que les conditions de crédit ne se détériorent pas.
Impact de la baisse des aides sur les ventes de maisons
La suppression de l’APL Accession, la baisse du PTZ de 40 à 20 % du montant total de l’opération dans les zones B2 et C, ainsi que la reconfiguration du Pinel font craindre une récession durable.
Après avoir insisté sur le cumul de facteurs structurels, comme la rareté du foncier et les difficultés liées à l’urbanisme, la LCA-FFB plaide pour la pérennisation de l’APL Accession et du PTZ en zones B2 et C au-delà de l’année 2019.
Sur le plan locatif, qui n’était pas négligeable en 2017, les nouvelles éligibilités au Pinel entraînent un recul de plus de 80 % des ventes.
La courbe des ventes ci-dessous reflète les comportements d’achat des Français. Les effets des plans de relance successifs sont visibles en 2010 (Pass Foncier et APL Accession), et de 2015 à 2017, avec la refonte et l’élargissement de l’assiette de bénéficiaires du Prêt à taux zéro et du dispositif Pinel. On le voit clairement, ces aides à la pierre sont décisives pour favoriser l’achat d’une maison individuelle neuve, et notamment d’une première maison.
Des primo-accédants freinés dans leur projet d’acquisition d’une première maison
Les primo-accédants sont nombreux à vouloir faire construire leur première maison, mais aussi les premiers bénéficiaires des aides au logement, et donc les premiers touchés par leur diminution. La seule suppression de l’APL Accession explique 40 % de la baisse des ventes et le rabotage du PTZ 45 %.
Lors du dernier salon de la maison individuelle à Paris, j’ai pu échanger avec Fabien Cuminal, directeur général de Maisons Sésame, qui m’a confirmé cette tendance.
Ce constructeur propose des gammes de maisons spécialement dédiées au primo-accédants, financièrement accessibles et pensées pour un premier achat, de manière à permettre à un maximum de jeunes de devenir propriétaires. Il connait donc bien la question :
« Une baisse des aides au logement n’est pas de bon augure car peu propice à rassurer les acquéreurs. Grâce aux taux de crédit et aux nouvelles mesures, les accédants, et en particulier les jeunes couples, étaient nombreux depuis fin 2016, mais ils sont moins présents depuis la refonte des aides. Il faut cependant relativiser, car dans les zones A et B1, comme par exemple en Île-de-France, les conditions du PTZ sont restées les mêmes et donc avantageuses pour ceux qui veulent faire construire leur maison. ».
Pour autant, l’attachement à la pierre reste prégnant, et les constructeurs s’attachent à construire des maisons de qualité, de quoi satisfaire les primo-accédants qui souhaitent faire construire et qui sont en capacité d’acheter.
pas de commentaire